Depuis des siècles, les horlogers se livrent à une course effrénée pour réduire l’épaisseur des mouvements et, par conséquent, des montres. Si cette quête de la minceur ultime semblait avoir atteint ses limites, l’année 2024 nous prouve le contraire avec l’entrée d’un nouveau compétiteur : l’horloger indépendant Konstantin Chaykin, bien connu pour son imagination sans bornes.
Bienvenue dans l’arène du ThinKing, une montre mécanique qui ne mesure que 1,65 mm d’épaisseur. Un chiffre qui, à lui seul, capte l’attention. Mais comme pour tout ce qui touche à l’horlogerie, les chiffres ne sont que la partie visible de l’iceberg.
Aux origines d’une idée : Un clin d’œil au passé
Tout commence il y a vingt ans, lorsque Chaykin tombe sur un ancien calibre Bagnolet à échappement à cylindre. Cette trouvaille, signée Auguste Golay, un pionnier de l’ultra-fin au XIXe siècle, aurait pu servir de déclencheur immédiat. Pourtant, ce n’est qu’en 2023, après qu’un client lui ait posé la question fatidique – « Pouvez-vous faire une montre ultra-fine ? » – que Chaykin se lance sérieusement dans ce projet.
La première étape ? De longues heures passées à éplucher l’histoire des mouvements ultra-fins, combinées à une réflexion technique dans un Moleskine dédié. Le cheminement menant à la création du ThinKing est donc à la fois ancré dans la tradition et alimenté par une réflexion résolument contemporaine.
Un Wristmon hors du commun
Si la minceur est au cœur du projet, Chaykin ne se contente pas de suivre les traces de ses prédécesseurs. Il décide de faire du ThinKing un membre à part entière de sa fameuse collection Wristmons. Ces montres singulières, reconnaissables à leurs cadrans anthropomorphes, se distinguent par leurs yeux affichant les heures et les minutes.
Mais ici, pas de phase de lune formant un sourire. À la place, le logo de la marque vient subtilement marquer la partie supérieure du cadran, offrant un clin d’œil amusant tout en respectant les exigences esthétiques d’une montre ultra-fine.
Ingénierie et innovation : le défi de la praticité
La véritable prouesse du ThinKing réside dans son ingénierie. Chaykin s’est attelé à résoudre une équation difficile : comment rendre une montre aussi fine pratique et robuste ?
Sa solution ? Le PalanKing, un boîtier externe ingénieux qui, non seulement, protège la montre, mais lui permet également de se remonter automatiquement lorsqu’elle y est placée. Inspiré par le concept de montre symbiotique d’Abraham-Louis Breguet, Chaykin pousse l’idée plus loin en rendant cette interaction possible directement sur le poignet. Un clin d’œil historique, certes, mais aussi une solution moderne et fonctionnelle.
En parallèle, pour garantir la rigidité de la montre, il utilise un acier inoxydable spécial, renforcé par des nervures structurales inspirées des créations de Philippe-Samuel Meylan au XIXe siècle. Tout cela pour offrir une montre aussi résistante qu’élégante, malgré son extrême finesse.
Une montre née de l’invention
Derrière la finesse du ThinKing se cachent trois innovations majeures : un barillet ultra-fin, un double balancier et un bracelet spécialement conçu pour protéger la montre des déformations accidentelles. Ces éléments clés, tous brevetés, permettent de repousser les limites du possible tout en garantissant une réserve de marche respectable de 32 heures.
Le défi technique consistait à construire tout le mouvement sur deux niveaux, limitant ainsi l’épaisseur, tout en maximisant la performance. Comme Chaykin l’admet lui-même, ce fut un véritable puzzle à résoudre, mais chaque solution trouvée a permis d’aboutir à un mouvement qui défie les conventions.
Un poids plume et un nom plein de sens
En plus d’être incroyablement fine, la ThinKing se distingue aussi par sa légèreté. Avec un poids de seulement 13,3 grammes sans bracelet, elle entre dans le cercle très fermé des montres les plus légères du monde. Une performance inattendue mais bienvenue, qui ajoute une dimension supplémentaire à cette montre d’exception.
Quant à son nom, ThinKing, il reflète parfaitement l’état d’esprit derrière cette création. Un jeu de mots subtil qui évoque à la fois le travail de réflexion (“Thinking”) et la couronne de la montre ultra-fine (“King of Thin Watches”). Un clin d’œil que seuls les amateurs éclairés sauront apprécier.
À Genève et au-delà
La première présentation publique du ThinKing se fera lors du Geneva Watch Days 2024, une occasion rêvée pour Chaykin de rendre hommage aux maîtres horlogers suisses, et notamment à Auguste Golay, celui-là même qui avait inspiré le début de cette aventure.
La question reste cependant ouverte : est-ce la fin de l’histoire pour la ThinKing ? Chaykin, toujours perfectionniste, laisse entendre qu’il pourrait y avoir encore des ajustements et améliorations. Mais une chose est sûre : avec la ThinKing, il vient d’inscrire un nouveau chapitre dans l’histoire de l’horlogerie ultra-fine.
Alors, prêts à entrer dans l’ère du ThinKing ?
Spécifications techniques
Nombre de composants : 204 pièces, 51 rubis
Épaisseur : 1,65 mm
Diamètre : 40 mm
Poids : 13,3 g (sans bracelet)
Boîtier : Acier inoxydable spécial
Verre : Deux saphirs de 0,35 mm d’épaisseur
Mouvement : Calibre ultra-fin K.23-0 avec remontage manuel et automatique via le PalanKing
Réserve de marche : 32 heures